29 Août 2023
LE FAUCON ET LA TORTUE
Un jour, le faucon défia la tortue à la course et la tortue répondit qu'elle n'accepterait qu'à condition que l'épreuve dure au moins quelques jours.
Après avoir réfléchi, l'oiseau se soumit à son exigence et ils prirent le départ, l'une trottinant, l'autre virevoltant à loisir, persuadé qu'il n'aurait aucune peine à arriver le premier.
Insensible au mépris qu'affichait la rapace, la tortue s'enterra lentement et, invisible à l'il exercé de son concurrent, se fraya le chemin suivant une ligne droite en direction du but, sans jamais arrêter un seul instant.
Le faucon, sûr de lui et insouciant vola à sa guise, s'arrêtant ici et là, au gré de sa fantaisie, en visitant parents et amis qu'il savait établis dans les parages, faisant sa cour à quelque aimable oiselle rencontrée au hasard de ses haltes.
Il fit tant de détours et se reposa si souvent que, lorsqu'il parvint en vue du but, ce fut pour voir la tortue, sortant enfin de la galerie souterraine qu'elle avait inlassablement creusé, gagner la course qu'il avait cru remporter sans conteste... et sans effort.
L'AIGLE ET LA LINOTTE
Un jour, les oiseaux se réunirent afin de désigner celui d'entre eux qui volaient le plus haut.
Le concours commença. Certains s'élevèrent très vite mais furent aussi vite épuisés par leur effort et dépassés par d'autres plus puissants qu'eux. Puis vint l'aigle, et il les surpassa tous.
Il allait fièrement proclamer partout sa victoire lorsque, quittant le dos du rapace, le minuscule oiseau qui si était jusque-là caché, une linotte grise, prit à son tour son essor, sans que nul n'ait deviné le subterfuge et parvint sans peine beaucoup plus haut !
Pour briser le sortilège de son rival, Shawondasee, haletant, souffla comme il put et, le ciel fut envahi de fils d'argent. Mais lorsque ceux-ci se dissipèrent, la belle avait disparu et, avec elle les mille graines finement ailées qui couronnent les fleurs du pissenlit de la prairie.
Quand l'assemblée tint son conseil pour rendre sa sentence, elle s'accorda pour attribuer la victoire à l'aigle.
En effet, il était, d'entre tous, celui qui s'était le plus rapproché du soleil et le seul, de surcroît, à avoir réussi cet exploit en portant sur son dos la linotte.
Nul, à compter de ce jour, ne douta que l'aigle était à la fois le plus courageux et le plus fort des guerriers.
C'est pourquoi ses plumes sont le signe le plus respectable qu'un chef valeureux puisse s'enorgueillir de porter.
LA FILLE AU CHEVEUX D'OR OU LA LEGENDE DE L'ETE INDIEN
Mudjekewis avait neuf frères et ensemble, ils vainquirent l'ours géant. Aussi reçurent-ils en présent la ceinture sacrée qui contient de quoi vivre heureux sa vie durant.
Le mérite de cet exploit, chacun le savait, revenait à Mudjekewis, le plus jeune des 10 garçons, et ce fut à lui qu'échut le pouvoir de gouverner les vents d'Ouest.
On l'appela dès lors Kabeyun, père des airs, et il entreprit de distribuer une part de sa puissance à chacun de ses fils.
A Wabun, il donna l'Est; à Shawondasee, le Sud et à Kabiboonoka, le Nord. Seul Manabozho n'eut rien de cet héritage car sa naissance avait été illégitime.
C'est pourquoi, plus tard, blessé par cette injustice, il partit en guerre contre son père jusqu'à ce que celui-ci, accédant sa requête, consente à lui céder une part de la souveraineté de Kabiboonoka, en lui abandonnant le privilège de régner sur les vents du Nord-Ouest.
Shawondasee, maître du Sud, révéla très jeune son indolence. C'était, bien avant l'âge, un vieillard poussif peu enclin à voyager, les yeux mi-clos toujours fixés droit devant lui.
Souvent il soupirait lorsque venait l'automne, dispensant généreusement cet air doux qui gagne alors tout le Nord du pays.
Mais un jour, il aperçut au loin, courant gracieusement à travers les plaines du Nord, une jeune fille aux cheveux d'or.
Elle était très belle et il en tomba aussitôt amoureux. Ses boucles surtout, blondes comme le blé mûr, avaient conquis son cœur.
Cependant sa paresse naturelle l'emporta sur sa passion et, à l'aube du matin, il la surprit enveloppée d'une nuée blanche comme neige.
Il en conçut aussitôt une vive jalousie, persuadé que son frère Kabiboonoka s'était mis en tête de la lui ravir en lui offrant l'une de ses écharpes immaculées dont les vents du Nord ont coutume de se parer aux approches de l'hiver.
Pour briser le sortilège de son rival, Shawondasee, haletant, souffla comme il put et, le ciel fut invahi de fils d'argent.
Mais lorsque ceux-ci se dissipèrent, la belle avait disparu et, avec elle les mille graines finement ailées qui couronnent les fleurs du pissenlit de la prairie!
Il est un âge pour tout, dit le sage, et Shawondasee avait eu le tort de se croire assez jeune pour être aimé de la fille aux cheveux d'or. En la poursuivant de ses soupirs alanguis, il n'avait fait que précipiter sa fuite.
Depuis, croyant chaque automne revoir l'objet de sa flamme courir dans les prés comme au premier jour, le vieillard continue de haleter doucement au souvenir d'un bonheur inaccessible, gratifiant les terres du Nord, à la veille de l'hiver, de cette saison à nulle part pareille et que les hommes blancs appellent l'été indien.
L'INVENTEUR DE LA FLÛTE OU LE PIVERT
Un jeune homme, qui chassait pour nourrir sa famille, pistait un élan fort rusé. L'animal l'entraîna au plus profond de la forêt.
Le jeune homme perdit son chemin et chercha un endroit où dormir. Il entendit alors un son étrange et mélancolique, un son inconnu. C'était magnifique et très triste.
Le lendemain matin au réveil, le jeune homme entendit un Pic-vert. Ce dernier faisais des trous sur un tronc d'arbre, du bout du bec, qu'il a fort pointu, c'est bien connu.
L'oiseau fit un signe au jeune homme et s'envola vers un autre arbre. Le jeune homme le suivit jusqu'à une forêt de cèdres rouges.
Le Pivert se posa sur une longue branche et y creusa des trous. Le soir venu, quand le vent se mit à souffler, le son mélancolique entendu la veille s'éleva à nouveau et se répandit à travers la plaine.
Le Pivert s'envola. Le jeune homme prit la branche d'arbre et l'emporta jusqu'à son village. Il n'avait pas trouvé de nourriture mais rapportait sa découverte à son peuple.
Il souffla dedans, la secoua, essaya de reproduire le son entendu dans la forêt... en vain. Alors il demanda l'aide du "medecine man", le sage du village. Celui-ci lui dit d'aller sur la colline surplombant le village.
Le jeune homme grimpa sur la colline, s'assit et se mit à prier. Le troisième jour, il eut une vision.
Les esprits le visitèrent, il vit le Pivert transformé en homme qui lui montra comment s'y prendre, comment casser la branche de l'arbre, faire les trous et tailler la "siotantka". Le jeune homme sut donc enfin fabriquer la flûte.
En Sioux, "siotantka" signifie "le bois qui chante".
NAISSANCE DU PEUPLE
Au commencement de la vie sur terre, Le Grand Esprit décida de créer les humains. Cela se passait bien avant l'invasion des barbares européens. Comme Il n'en avait jamais fait, il se dit que ce devait être assez facile : un bon four et de l'argile feraient l'affaire. Il se mit à l'ouvrage et construisit un four assez grand.
Il trouva au bord du Mescacébé (Mississippi) la meilleure des argiles, fine et pure. Il fit un premier modelage, assez grossier, il faut bien l'avouer ! Puis il l'enfourna et fit chauffer doucement le four car Il avait peur que son modèle soit brûlé.
Après un temps assez long, Il sortit son premier sujet. Malheureusement, il n'était pas assez doré trop blanc, tout pâle et si laid ! Il se dit « Pas grave, je vais recommencer ! » et Il le jeta au loin
Le pauvre homme atterrit dans ce qui devait devenir l'Europe et il peupla cette région. Nullement découragé, Il recommença en s'appliquant mieux et l'enfourna. Cette fois, se dit-il, je vais faire un feu plus fort et il sera bien cuit et doré à point !
Malheureusement pour lui, son feu était beaucoup trop fort et le sujet, bien qu'il soit beau, était tout carbonisé ! « Dommage », se dit-il « il était beau au moins celui-là ! », « si je maîtrise mieux le feu, il sera parfait ! ». Et Il le jeta au loin ! Celui-ci atterrit dans ce qui devait devenir l'Afrique et peupla cette région.
Comme il avait maintenant de l'expérience en modelage, son modèle était magnifique. Il en était vraiment fier. Il s'appliqua vraiment pour bien maîtriser le feu, car il était fatigué de recommencer toujours ! Tout se passa à merveille, il était doré à point et vraiment très beau.
Il décida de lui donner les qualités des animaux existants : la force de l'ours, la douceur de la colombe, la fidélité du chien, la patience de la tortue, etc. Et comme Il en était tellement content, il lui insuffla son amour pour Mère Nature.
Il chercha le meilleur endroit pour lui et décida de le placer dans l'Ile de la Tortue, qui deviendra plus tard l'Amérique du Nord. Il chercha le meilleur endroit pour lui et décida de le placer dans l'Ile de la Tortue, qui deviendra plus tard l'Amérique du Nord.