4 Août 2023
Il était une fois, il y a de cela très longtemps, trois sœurs qui vivaient ensemble dans un champ. Ces trois sœurs étaient très différentes les unes des autres par leur taille et leur façon de se vêtir. Une des trois était petite, si jeune en fait qu'elle ne pouvait que ramper à la naissance, et elle était vêtue de vert.
La deuxième portait une robe d'un jaune brillant et elle avait une façon bien à elle de se sauver toute seule lorsque le soleil brillait et que la brise lui caressait le visage.
La troisième, l'aînée, se tenait toujours très droit et, étant très grande, essayait de protéger ses deux soeurs. Elle portait un châle vert pâle et sa longue chevelure blonde battait au vent.
De fait, les trois sœurs ne se ressemblaient que sur un point: elles s'aimaient beaucoup et ne se séparaient jamais. Elles étaient convaincues qu'elles ne pourraient supporter la séparation.
Un jour, un étranger apparut dans le champ des trois sœurs. C'était un petit Indien droit comme une flèche et brave comme l'aigle qui tournoyait haut dans le ciel. Il savait parler aux oiseaux et aux petits frères de la terre : la musaraigne, le tamia et les renardeaux.
Les sœurs, celle qui ne savait que ramper et celle aux longs cheveux, étaient bien intriguées par le petit Indien. Elles le voyaient porter une flèche à son arc, sculpter un bol avec son couteau en pierre, et se demandait bien où il pouvait aller le soir.
Tard cet été là, une des trois sœurs disparut. C'était la cadette en vert, celle qui ne savait que ramper. Elle pouvait à peine se lever dans le champ sauf lorsqu'elle trouvait un bâton sur lequel s'appuyer.
Ses sœurs la pleurèrent jusqu'à l'automne, mais elle ne revint pas. Une fois de plus, le petit Indien revint visiter le champ des trois sœurs. Il vint ramasser des roseaux près d'un ruisseau voisin pour fabriquer des flèches. Les deux sœurs qui restaient le surveillèrent et regardèrent avec émerveillement l'empreinte de ses mocassins sur le sol où il était passé.
Ce soir-là, la deuxième sœur, celle vêtue de jaune et qui voulait toujours se sauver, disparut. Elle ne laissa pas de trace, mais il est possible qu'elle ait mis les pieds dans la foulée du petit Indien. Il ne restait plus qu'une sœur. Elle demeurait grande et droite, sans jamais s'incliner de chagrin, mais il lui semblait qu'elle ne pouvait vivre seule en cet endroit.
Les jours raccourcirent et les nuits s'allongèrent. Le châle vert perdit sa couleur. Il avait pris de l'âge et semblait tout usé. Le vent avait défait sa belle chevelure blonde de jadis. Jour et nuit elle espérait le retour de ses sœurs, mais en vain. Sa voix lorsqu'elle les appelait était triste et mélancolique comme le vent.
Puis un jour, lorsque fut arrivé le temps des récoltes, le petit Indien entendit la plainte de la troisième soeur qui avait été laissée toute seule dans le champ. Il en eut pitié, la prit dans ses bras et l'amena chez ses parents. Quelle surprise l'attendait ! Ses deux soeurs se trouvaient en toute sécurité dans la cabane des parents et la joie de la revoir enfin était grande.
Le petit Indien les avait tellement intriguées qu'elles l'avaient suivi pour voir où et comment il vivait. Elles avaient tellement aimé la chaleur de son abri qu'elles avaient décidé de passer l'hiver avec lui et elles faisaient leur possible pour lui venir en aide.
La petite soeur en vert, qui avait maintenant atteint sa pleine maturité, tenait les casseroles pleines de nourriture. Sa soeur en jaune se laissait sécher sur une étagère en prévision de repas futurs.
La troisième soeur se joignit à elles, prête à broyer le grain pour le petit Indien. Jamais plus on ne les sépara.
Tous les enfants connaissent ces trois sœurs et en ont besoin tout autant que le petit Indien. En effet, la petite soeur en vert est le haricot, sa sœur en jaune est la courge, et l'aîné aux longs cheveux blonds et au châle vert est le maïs.