23 Juillet 2023
Beaucoup ont entendu parler du massacre d’indiens hommes, femmes et enfants à Wounded Knee, mais peu connaissent le massacre d’hommes, femmes et enfants à Sand Creek.
Le 29 novembre 1864 sur la réserve de Sand Creek dans le sud-est du Colorado plus de deux cents Cheyennes, hommes, femmes et enfants furent assassinés, on leur avait pourtant garanti la sécurité à cet endroit.
En 1851 fut signé le traité de Fort Laramie garantit aux Cheyennes, un large territoire dans l’Ouest du Kansas et l’Est du Colorado.
En 1859, fut découvert de l’or dans les rocheuses du Colorado, commença alors la ruée vers l’or de Pike Peak. La découverte de l’or amena environ 100.000 prospecteurs dans les rocheuses. Les terres Cheyennes furent alors envahies en dépit du traité de Fort Laramie. Les intérêts financiers et la pression des hommes d’affaires furent si forts que le gouvernement chassa les Cheyennes de leur territoire, ne leur laissant pour toute terre qu’une petite partie située dans le Sud-est du Colorado.
Une petite bande d’environ trois cents Cheyennes du sud furent installés dans un endroit connu sous le nom de "réserve de Sand Creek" dans le Sud-Est du Colorado.Ce clan de Cheyenne du Sud était celui du chef Black Kettle.
Black Kettle croyait que les blancs et les Indiens pouvaient co-exister. Malgré le nombre de promesses jamais tenues par les blancs, il croyait que sa tribu pouvait vivre en paix avec honneur et coexister avec les hommes blancs.
Le 18 février 1861, six chefs cheyennes du Sud et quatre Arapahos signèrent le traité de Fort Wise avec les États-Unis, par lequel ils cédaient la plupart des terres qui leur avaient été concédées par le traité de Fort Laramie. Les chefs cheyennes étaient Black Kettle, White Antelope, Lean Bear, Little Wolf, Tall Bear et Left Hand ; les Arapahos Little Raven, Storm, Shave-Head, et Big Mouth.
La nouvelle réserve, qui représentait moins d'un treizième de celle concédée en 1851, était située dans l'Est du Colorado entre les rivières Arkansas River et Sand Creek. Certains groupes de Cheyennes, dont les Dog Soldiers, une troupe des Cheyennes et des Lakotas, mécontents des chefs qui avaient signé ce traité et le désavouant, refusèrent de se plier à ses contraintes.
Ils continuèrent de vivre et chasser sur les riches pâturages à bisons de l'Est du Colorado et de l'Ouest Kansas. Ils se montrèrent graduellement plus agressifs envers les immigrants blancs qui traversaient leur territoire, en particulier dans la région de la Smoky Hill River du Kansas, par laquelle passait une nouvelle piste vers les terrains aurifères.
Les Cheyennes opposés au traité prétendaient qu'il avait été signé par une petite minorité de chefs sans le consentement ni l'approbation des autres tribus, que les signataires n'avaient pas compris ce qu'ils signaient, et qu'ils avaient été corrompus par une large distribution de cadeaux. Les Blancs au contraire voyaient le traité comme un devoir solennel et considéraient les Indiens qui le refusaient comme hostiles et fauteurs de guerre.
En 1862, un troupeau de bisons fut repéré à plus de 300 km de Sand Creek. Ils avaient faim, ils avaient froid. Les hommes les plus jeunes et les plus vaillants se vêtirent de leur tenue de chasse et quittèrent la réserve. Ils s’attaquèrent d’abord au bétail des éleveurs blancs et aux trains qui traversaient leur ancien territoire de chasse. Le raid irrita les blancs, les militaires furent alors envoyés en patrouilles pour enquêter dans la région.
En septembre 1864, ils rencontrèrent le gouverneur Evans et le colonel Chivington à Camp Weld, près de Denver, et déduisirent, sans doute à tort, qu'un accord de paix était acquis.
Après plusieurs années de conflit entre Blancs et Amérindiens dans le Colorado, une troupe d'environ 800 Cheyennes et leur chef Black Kettle se rendent à Fort Lyon afin de négocier un accord de paix. En compagnie d'Arapahos commandés par le chef Left Hand, ils s'installent ensuite dans un campement à Sand Creek, à moins de 40 miles au nord du fort.
Les guerriers dits Dog Soldiers, qui avaient été très actifs au cours du conflit, ne sont pas présents dans ce campement. Rassuré par les promesses de paix du gouvernement des États-Unis, Black Kettle envoie la plupart de ses guerriers à la chasse.
Une soixantaine d'hommes restent au camp, la plupart trop jeunes ou trop vieux pour chasser. Le drapeau des États-Unis flotte sur le campement, car il lui est promis qu'« aussi longtemps qu'il ferait flotter le drapeau américain, lui et son peuple ne seraient pas inquiétés par les soldats.
L'ATTAQUE
Au matin du 29 novembre 1864, une colonne de cavaliers américains progressait au Nord de Fort Lyon, au Colorado. Ces hommes appartenaient au troisième régiment de volontaires de la cavalerie du Colorado et étaient sous le commandement du colonel J.M. Chivington, un ancien prédicateur méthodiste. La colonne avait progressé de 500 kilomètres en dix jours, et ce dans une soixantaine de centimètres de neige. Complètement gelés, les cavaliers étaient harangués par l'officier en termes durs "tuez et scalpez grands et petits. Le temps me dure de patauger dans le sang. Ne laissez pas les lentes devenir des poux..".
Les cavaliers arrivèrent en vue du camp des Cheyennes du Sud, sur les rives du Sand Creek (la rivière au sable) et se déployèrent en ligne de bataille le long d'une crête.
Le chef indien Black Kettle (Chaudron Noir) fut avisé de la présence d'un millier de cavaliers et prit ses dispositions pour leur rendre hommage. Il fit hisser à un poteau un drapeau blanc et la bannière étoilée des Etats-Unis que d'autres grands chefs blancs lui avaient remis en gage de paix et d'amitié. Tandis que le chef Black Kettle expliquait aux Indiens qu'ils n'avaient rien à craindre des "Grands Sabres", six guerriers furent envoyés, en guise de Bienvenue, au-devant des cavaliers américains. À cet instant, Chivington donna l'ordre de l'attaque..
Les six guerriers tentèrent de faire demi-tour pour donner l'alerte mais furent encerclés et massacrés à coups de sabre par une nuée de cavaliers.
Les Blancs fondirent sur le village en déchargeant leurs armes, abattant nombre de femmes et d'enfants. Chaudron Noir ordonna la retraite à ses guerriers; ceux qui restèrent en arrière pour couvrir le repli furent rapidement massacrés.
Il n'y avait que la moitié des guerriers indiens qui étaient armés car le chef Chaudron Noir avait, afin de témoigner du désir de paix des Indiens, fait déposer la moitié des armes de son peuple à Fort Lyon. Lorsque les derniers guerriers se mirent à creuser le sable pour tenter une ultime résistance, quatre canons furent mis en batterie et les Peaux-Rouges furent hachés sur place..
Les rares survivants furent poursuivis à plus de dix kilomètres du village. Quelques rescapés, qui s'étaient cachés au fond des cabanes, furent traqués et égorgés.
Le massacre ne se termina que lorsqu'il ne resta plus ni homme, ni femme, ni enfant indiens à tuer. Les soldats se partagèrent les chevaux indiens et les rares possessions découvertes dans les cabanes et les tentes avant d'incendier le village.
Des femmes implorant la grâce des soldats furent froidement abattues à coup de révolver tandis que les enfants courant entre les tentes furent tirés comme à l’exercice.
Plus de 300 Indiens avaient perdu la vie. La cavalerie déplora 9 tués et 38 blessés, dont 7 devaient mourir par la suite. Les cavaliers emportèrent une centaine de scalps qui furent exposés à l'opéra de Denver... Dans son rapport au gouverneur du Colorado, Chivington nota qu'il avait tué 500 Indiens, détruisent 130 cabanes et capturé 500 mules et chevaux.
Après le massacre, les hommes de Chivington scalpèrent de nombreux cadavres et se livrèrent à de nombreuses et atroces mutilations sexuelles sur les morts.
Ce cauchemar dura deux jours.