30 Juillet 2023
Chef Joseph, de son vrai nom Hinmaton-Yalaktit ou Hin-mah-too-yah-lat-kekht. Il est le chef de la tribu des Nez-Percés. Sa date de naissance n'est pas connu, certains disent qu'il serait né vers 1840. Sa famille est dans la vallée de la Wallowa, dans l’État de l'Oregon. Son père cayuse appelé Vieux Chef Joseph et sa mère Nez-Percé.
En 1871, Old Joseph meurt, confiant à son fils Joseph et à son frère Ollicut la destinée des Nez-Percés. Il leur fait jurer de ne jamais abandonner la vallée de la Wallowa où reposent ses ancêtres. Le jeune Joseph est assisté par un conseil de chefs et les décisions concernant l’avenir de la nation sont prises en commun. Lorsqu'il devin chef voici ce qu'il aurait prononcé :
"Mon père m'a fait appeler. J'ai vu qu'il allait mourir. J'ai pris sa main dans la mienne. Il m'a dit :"Mon fils, mon corps retourne vers ma mère la terre, et mon esprit va bientôt voir le Chef Grand Esprit. Quand je serai parti, pense à ton pays. Tu es le chef de ce peuple. Ils attendent de toi que tu les guides. Rappelle-toi toujours que ton père n'a jamais vendu son pays.
Tu dois te boucher les oreilles chaque fois qu'on te demandera de signer un traité pour vendre ton ays natal. Encore quelques années et les hommes blancs t'encercleront. Ils ont les yeux sur cette terre. N'oublie jamais, mon fils, mes paroles de mourant. Cette terre renferme le corps de ton père. Ne vends jamais les os de ton père et de ta mère.
J'ai pressé la main de mon père et je lui ai dit que je protègerai sa tombe de ma propre vie. Mon père a souri et s'en est allé vers la terre des Esprits. Je l'ai enterré dans cette belle vallée où l'eau serpente. J'aime cette terre plus que tout le reste au monde. Un homme qui n'aimerait pas la tombe de son père serai pire qu'un animal sauvage"
Au printemps 1877, devant la pression de plus en plus forte des colons blancs, le gouvernement exige de tous les clans nez-percés une nouvelle réduction de leurs terres et qu’ils s’installent désormais sur la petite réserve de Lapwai, dans le territoire de l’Idaho. Le général Oliver O. Howard, ami de Joseph, est envoyé afin de faire accepter ce nouveau traité.
En juin 1877, afin d'éviter une effusion de sang, Joseph et les clans nez-percés sont prêts à se rendre à Lapwai. Mais des guerriers du clan de Whitebird, qui ont tué des colons afin de venger l’assassinat de plusieurs des leurs, viennent à lui pour chercher refuge. Pour échapper aux représailles, Joseph et les siens décident alors de prendre le large. Ainsi commence la "Longue Marche des Nez-Percés".
Le 17 juin 1877, les Nez-Percés repoussent l'attaque des hommes du capitaine David Perry à White Bird Canyon.
Le 11 juillet 1877, le général Howard rattrape les fuyards sur la Clearwater River. Les Indiens contre-attaquent en traversant la rivière, obligeant les soldats à se retrancher. Les femmes et les enfants ont le temps de fuir. Les Nez-Percés franchissent les Bitterroot Mountains par la Lolo Pass. Les chefs nez percés ont décidé de se réfugier chez leurs alliés, les Crows, au Montana. Les Indiens pensent qu'ils ont enfin semé leurs poursuivants. Ils reprennent des forces sur la Big Hole River.
Le 9 août 1877, l'attaque du colonel John Gibbon les surprend totalement. La bataille est acharnée. Les Indiens parviennent à se dégager le lendemain au prix de lourdes pertes parmi les femmes et les enfants.
Le 20 aout 1877, A Camas Meadows , les Nez-Percés attaquent le camp du général Howard. Les Indiens parviennent à s’emparer des mules de transport, immobilisant les troupes qui les poursuivent. Les Nez Percés traversent ensuite le parc national de Yellowstone récemment créé, tuant deux touristes. Apercevant des éclaireurs crows parmi leurs poursuivants, ils renoncent à se rendre chez les Crows et décident de gagner la frontière canadienne. Les soldats du colonel Sturgis rattrapent les fuyards.
Le 13 septembre 1877, à Canyon Creek. Les guerriers indiens contiennent les soldats, les empêchant de franchir le canyon. Le reste de la tribu parvient à traverser le Missouri après avoir pillé un entrepôt à Cow Island. Les Indiens ont distancé tous leurs poursuivants. Ils reprennent des forces dans les Bearpaw Mountains à moins de soixante kilomètres de la frontière canadienne. Mais, à marche forcé, le colonel Nelson A. Miles les rattrape.
Le 30 septembre 1877, s’engagea alors une bataille de 5 jours durant laquelle le chef Looking Glass, un des plus fidèle lieutenant de Chef Joseph, trouva la mort.
Le 5 octobre 1877, afin d'épargner la vie des femmes et des enfants, Chef Joseph se rend. Quelques dizaines de Nez Percés conduits par le chef White Bird parviennent à rejoindre le Canada.
Durant tout ce tragique exode de 1 700 km à travers l’Idaho et le Montana, Joseph, outre son rôle de stratège, il a aidé à soulager la détresse des femmes et des enfants. Celui que les Blancs ont surnommé "le Napoléon indien", rendant ainsi hommage à son habileté stratégique, a toujours préféré protéger les non-combattants. Lorsqu'il se rend au colonel, il prononce alors son célèbre discours :
"Dites au général Howard que je connais son cœur.... Je suis fatigué de combattre. Nos chefs sont morts. Looking Glass est mort. Toolhoolhoolzote est mort. Tous nos vieillards sont morts. Ce sont maintenant les hommes jeunes qui disent oui ou non. Le chef de nos jeunes guerriers n’est plus. Il fait froid et nous n’avons pas de couvertures. Les petits enfants meurent de froid. Les gens de mon peuple, en grand nombre, ont fui dans les collines sans couvertures, sans nourriture. Personne ne sait où ils sont, peut-être sont-ils morts de froid. Je voudrais avoir le temps de rechercher mes enfants, savoir combien d’entre eux je peux retrouver. Peut-être sont-ils parmi les morts. Ecoutez-moi, mes chefs. Je suis fatigué ; j’ai le cœur brisé. A partir de cette heure que marque le soleil, je ne combattrai plus jamais".
Malgré la promesse de Miles de les ramener en Idaho, Joseph et les survivants de son peuple sont déportés à Fort Leavenworth au Kansas, puis en juillet 1878 vers le Territoire Indien de l’Oklahoma.
Le 14 janvier 1879, le départ de ce groupe ne se fit pas tout seul, voici un discours qu'il prononça devant le Congrès :
"J'ai serré la main a beaucoup d'amis, mais il y a des choses que je veux savoir et que pas un ne semble capable d'expliquer. Je ne peux pas comprendre comment le gouvernement qui envoie un homme combattre, comme il le fit avec le général Miles, peut ensuite rompre ses promesses.
Un tel gouvernement a quelque chose de mauvais en lui... Je ne comprends pas pourquoi rien n'est fait pour mon peuple. J'ai entendu discours après discours mais rien n'est fait. Les bonnes paroles ne servent à rien s'il n'en sort quelque chose.
Les paroles ne me rendent pas mes morts. Elles ne me rendent pas mon pays envahi aujourd'hui par l'homme blanc. Elles ne protègent pas la tombe de mon père. Elles ne me rendent pas mes chevaux et mon bétail.
Les bonnes paroles ne me rendent pas mes enfants. Les bonnes paroles ne changeront rien à la promesse de votre chef de guerre le général Miles. Les bonnes paroles ne donnent pas bonne santé à mon peuple, et ne les empêchent pas de mourir. Les bonnes paroles ne donneront pas à mes gens un lieu où ils puissent vivre en paix et prendre soin d'eux-mêmes.
Je suis fatigué des discours qui ne débouchent sur rien. J'ai le cœur malade quand je me rappelle toutes les belles paroles et les promesses non tenues ; il y a eu trop de paroles venant d'hommes qui n'avaient pas droit à la parole. Trop de mauvaises interprétations ont été faites ; trop souvent les hommes blancs se sont mépris sur les Indiens.
Si l'homme blanc veut vivre en paix avec l'Indien, il peut vivre en paix. Il n'est pas nécessaire de se quereller. Traitez tous les hommes pareillement. Donnez leurs à tous une chance égale de vivre et de croître.
Vous pouvez aussi bien attendre des rivières qu'elles coulent à l'envers, qu'exiger de n'importe quel homme libre qu'il soit content d'être enfermé et que la liberté d'aller où bon lui semble lui soit refusée. Si vous attachez un cheval à n piquet, vous attendez vous à ce qu'il grossisse ? Si vous parquez un Indien dans un coin de terre et que vous l'obligez à rester, il n'y sera pas content et il ne croîtra ni ne prospèrera.
J'ai demandé à certains grands chefs Blancs d'où ils tenaient le droit de dire à l'indien qu'il resterait dans un endroit alors qu'il voit les hommes blancs aller où ils veulent. Ils ne peuvent me répondre. Ce que je demande au gouvernement, c'est d'être traité comme les autres hommes sont traités. Si je ne peux pas aller dans mon propre foyer, donnez moi un foyer où mon peuple ne mourra pas si vite.
Je sais que ma race doit changer. Nous ne pouvons rester tels que nous sommes à côté de l'homme blanc. Nous ne demandons qu'une chance égale de vivre comme tous les autres hommes vivent. Nous demandons à être reconnus comme des hommes. Nous ne demandons que la même loi soit appliquée pareillement à tous les hommes. Si un Indien viole la loi, punissez le par la loi. Si un homme blanc viole la loi, punissez le aussi.
Rendez moi ma liberté - liberté de voyager, liberté de m'arrêter, liberté de travailler, liberté de faire du commerce là où je le choisis, liberté de suivre la religion de mes pères, liberté de penser et d'agir pour moi-même - et j'obéirai à chaque loi ou je me soumettrai au châtiment."
En 1880, Chef Joseph fait le voyage à Washington et réclame en vain le retour des siens dans leur pays, plaidant avec éloquence le droit de son peuple à vivre sur ses terres.
En 1883, le président Hayes autorisa une petite partie de la bande de Chef Joseph a regagné leur terre, ce dernier n'y fut pas autorisé et resta dans la réserve Coville dans l'état de Washington.
En 1885, les Nez Percés sont renvoyés dans l’Ouest. Une partie d’entre eux vont en Idaho sur la réserve de Lapwai. Considérés comme trop dangereux, Joseph et cent cinquante de ses compagnons sont assignés à résidence sur la réserve Colville, dans l’Etat de Washington.
Le 21 septembre 1904, Joseph meurt à Nespelem, sur la réserve Colville. Le médecin diagnostique : "Mort de chagrin". Joseph ne reverra jamais la belle vallée de Wallowa où reposent ses ancêtres.